Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 21:58
La description(De décors, de paysages)Quand on débute dans cet art difficile mais combien passionnant, on a tendance à décrire comme ceci :
(L’auteur décrit la chambre d’une maison de retraite.)« Il était dans sa chambre. Je frappai et il me dit d’entrer. La chambre était petite mais agréable. Il y avait la télévision, une grande bibliothèque près de la fenêtre, un lit et une petite table de chevet sur laquelle il avait mis la photo de sa femme et celle de son fils. »

L’essentiel y est. Même si auparavant, l’auteur a précisé qu’il rend visite à un être cher, dont la santé est déclinante, dans une maison de retraite, il n’apprend pas grand-chose de plus au lecteur que ce à quoi on peut s’attendre à voir dans une telle chambre. La description n’est donc pas justifiée.

Si, par exemple, on transforme la description comme ceci :

« L’angoisse me saisit devant la porte de la chambre, je n’osai la pousser. Dans quel état allai-je le trouver ? L’inquiétude chassa l’anxiété, j’entrai. Je refermai la porte derrière moi pour le préserver des bruits du couloir. Immédiatement, l’odeur âcre de la dégénérescence finale m’alerta. On avait baissé un peu le volet. La pénombre rendait plus triste encore cette chambre médicalisée. Une bibliothèque, un fauteuil en cuir, les photos de son épouse et de son fils dressées sur la table de chevet, témoignaient encore de la vie. Pour combien de temps ? »

Là, le lecteur vit l’inquiétude du visiteur. Il sent l’odeur de la mort proche, entend les bruits caractéristiques d’un tel établissement. Il voit aussi la chambre sans que l’auteur ne l’ait vraiment décrite.

Donc, la première question à se poser est : à quoi sert cette description ? À quoi est-elle utile dans mon histoire ?

Un autre exemple d’une description terne, sans atmosphère :

« Le lieu était misérable et sale. La façade de l’immeuble était lézardée, les marches de bois de l’escalier usées, le lit creux, la table de nuit bancale, le lavabo jauni, la glace terne. Une ampoule, coiffée d’un abat-jour, pendait à un fil. Je n’avais pas prêté attention à cela, je n’avais pas vu cette misère, seule Mado m’importait. »

La même, en intégrant les pensées du personnage et l’atmosphère du lieu :

« Je n’avais pas remarqué, alors, la misère crasseuse de l’endroit. La façade sale et lézardée de l’immeuble ; l’escalier aux marches incertaines craquant sous mes pas ; le lit, creusé par mille étreintes sans amour ; la table de nuit triste de nudité ; le lavabo jauni, sa glace au tain passé par les yeux sans joie des filles ; l’ampoule, pendue à son fil, coiffée d’un abat-jour couleur chiure de mouches… Ce jour-là, tout cela, je ne l’avais pas vu. Plus que l’odeur âcre de la pauvreté, j’avais senti le parfum capiteux de Mado. »

Ici, le lecteur ressent la misérable et triste laideur de la chambre d’hôtel de passe. L’auteur raconte plus qu’il ne décrit. Il fait vivre sa description par le passé de certains objets, par l’ouïe (les marches craquant sous mes pas) et par les odeurs (l’odeur âcre de la pauvreté, le parfum capiteux).

Cette description est justifiée par les points suivants :
1) Elle montre, par ses détails caractéristiques, que le narrateur est déjà venu en ce lieu puisqu’il affirme : « Ce jour-là, tout cela, je ne l’avais pas vu. »
2) Elle indique au lecteur que le narrateur, subjugué par la femme qu’il désire, n’avait pas remarqué la misère.
3) Elle imprime dans l’esprit du lecteur un environnement de pauvreté utile à la suite du récit.

D’une façon générale, pour une description statique, prenons l’exemple d’une maison, il faut commencer par situer l’objet dans son décor, continuer par une analyse qui décompose l’objet en ses différents constituants (murs, toits, fenêtres, etc.), puis terminer en approfondissant l’impression du début et préparer l’enchaînement avec le reste de l’histoire (pour que la description serve à quelque chose).
Mais préférez les descriptions par scènes d’action et dialogues. C’est difficile, d’accord, mais vivant et jouissif à écrire !

Dorénavant et jusqu’à je ne sais pas quand, je donnerai une petite règle de typo en fin de chronique. Histoire de rappeler ce qui est mieux expliqué : ici ou
J’invite les nouveaux Oniriens (et certains moins nouveaux aussi, ils se reconnaîtront) à consulter sur le forum : « De la qualité des textes que vous soumettez » dans « les infos du site ». Vous y trouverez entre autres les liens ci-dessus.

Règle n°1 :
Il y a toujours un espace (avant et après) entre le mot et le point-virgule.
Il n’y a jamais d’espace avant la virgule (mais un, après).

Partager cet article
Repost0

commentaires