BILLET D'HUMEUR n°5 : Qui baise qui ?

« Hier soir, j’ai baisé Angélique ».

L’interprétation unilatérale de cette phrase cabotine m’amuse autant qu’elle m’agace. En disant cela, l’homme vaniteux n’imagine pas un seul instant de la réciprocité de l’acte. Dans son esprit étriqué et orgueilleux, c’est bien lui qui a « baisé Angélique » et non l’inverse.

D’où vient cette insolente certitude ? Est-ce le fait d’intégrer un corps étranger qui donne une légitimité supérieure au propriétaire et détenteur du viril organe ?

C’est un point de vue très discutable.

Je me souviens d’une discussion que j’ai eue il y a quelques années avec une de mes « ex » qui avait une théorie non dénuée d’intérêt et de justesse à ce propos. « N’as-tu jamais pensé, m’a-t-elle dit, que ce ne n’était pas seulement vous qui nous pénétriez, mais également nous, qui vous aspirions ? ». Elle avait complété son raisonnement en me disant que le vagin pouvait être vu comme une sorte de « pieuvre » qui ingurgitait avec avidité notre crevette frétillante avant de la recracher comme un vulgaire noyau de cerise.

C’est un point de vue glaçant, mais intéressant.